Histoire du Château de la Trémolière

Les origines

La construction du château remonte au XVème siècle. Il possédait à cette époque deux tours rondes. Une troisième - l'actuelle - n'est mentionnée qu'à partir de la fin du XVIIème siècle, elle aurait remplacé les deux premières. Cette tour contient l'escalier à vis et est couronnée de mâchicoulis. Dans l'épaisseur du mur de l'entrée principale on remarque encore la cheminée où descendait la herse. Le château est construit en basalte, la pierre volcanique de la région.

 

A la fin du XVIIème siècle et durant le XVIIIème le château fut sérieusement remanié. De grandes ouvertures furent percées, il perdit sa vocation défensive pour se transformer en un manoir (ou gentilhommière) plus confortable. C'est de cette époque que datent les splendides boiseries et peintures qui ornent les quatre salles des étages.

 

Ce fief, qui avait appartenu à la maison de Tournemire, avait été acquis par la famille Vigier de Prades, bourgeois de Salers. En 1640, il entra, par mariage, dans la famille de Montclar. Le château devint l'habitation principale de la famille de Montclar jusqu'à la révolution.

En 1830, Angélique de Montclar vendit le manoir à un avocat de Mauriac et en 1855, il fut acquis par la commune d'Anglards-de-Salers pour en faire son presbytère.

L'histoire récente

La Trémolière appartient à la commune d'Anglards-de-Salers (moins de 800 habitants).

Depuis son achat en 1855, pour en faire leur presbytère, les municipalités successives se sont attachées  à l'entretenir et à en améliorer son accessibilité.

On trouvera à la page du "bestiaire fantastique" l'histoire de la découverte des tapisseries. Leur salut vint de l'intervention du sous-préfet de Mauriac. Avec l'aide de l'architecte des Monuments historiques, la collection fut classée en 1908 sous la rubrique "tapisseries, sujet allégoriques". C'est ainsi qu'elle resta propriété de la commune.

Elu en 1965, Jean Descoeur, médecin, est le grand artisan de la rénovation de La Trémolière et de la mise en avant de ce patrimoine historique et culturel. 

Il commenca par faire construire un nouveau présbytère. Les aménagements intérieurs de la Trémolière ne pouvaient plus convenir à l'accueil d'un curé.

Des travaux de rénovation furent entrepris et, petit à petit, les salles du 1er et 2ème étage furent transformées en salle d'exposition. Les tapisseries qui étaient éparpillées dans le département furent ramenées à la Trémolière et les visiteurs purent commencer à visiter le château.

Une exposition de vieux matériel agricole complétait la visite dans le grenier sous la magnifique charpente. La première exposition des peintres amateurs de la région "les peintres du dimanche" fut organisée en 1989.

Le château fut inscrit aux monuments historiques le 14 octobre 1963, outre les tapisseries déjà classées, les facades et toitures y compris la tour d'escalier, et les pièces lambrissées des 2 étages furent classées monuments historiques le 2 mars 1981. Un bas-relief datant du XVème siècle "la présentation au temple", visible dans la grande pièce du premier étage, a fait l'objet d'une inscription spécifique au titre d'"objet" en 1985.

A partir de 1995, François Descoeur, architecte, prit la sucession de son père à la mairie de la commune et travailla à développer l'image du château de la Trémolière et du "Bestiaire fantastique".

En 2005, un jardin contemporain d'inspiration médiévale a été aménagé dans le jardin de l'ancien presbytère.

Les paysagistes Eric Ossart et Arnaud Maurières conçurent ce "jardin remarquable".

En 2011 commença le cycle des "expos d'été du château de la Trémolière" en collaboration avec la galerie d'art Claire Gastaud de Clermont Ferrand.

 

Au milieu des vaches rouges du pays vert (les Salers du Cantal), c'est un endroit qui est devenu un lieu culturel vivant. La confrontation des XIIème, XVIéme et du 21ème siècle est le moteur essentiel de la création d'un événementiel autour du château. Les associations locales liées au patrimoine se sont associées pour que les habitants s'approprient leur droit à la culture.  Des manifestations sont organisées dans l'enceinte du château.

Le château de la Trémolière est devenu avec le temps un haut lieu de médiation culturelle pour les enfants, avec des activités organisées par la communauté de communes. A l'automne les médiateurs et l'artiste contemporain présent, rencontrent les enfants de toutes les écoles environnantes en expliquant et démystifiant l'art exposé.

 

La famille de Montclar

La famille de Montclar, une des plus vieilles familles nobles d'Anglards et aussi de la Haute-Auvergne, tire son nom d'une "castella" gauloise, implantée sur les rochers, à l'est du bourg.

On trouve les premières traces de la famille en 942. Elle a possédé par la suite, acquis essentiellement par mariage, les châteaux de Montbrun, de la Trémolière, de Longevergne et de Fournols.

La famille de Montclar a donné trois abbés de la Chaise-Dieu de 1227 à 1346; des prieurs de diverses abbayes de la région; onze chamoines-comtes de Brioude; trois abbesses de Brageac; des chevaliers de Malte; des commandants de places fortes et nombre d'officiers distingués. 

Dans la lignée de la famille, on retiendra Guy (alias Guinot) de Montclar, seigneur de Montbrun, de Longevergne, etc., etc. Il se rendit coupable, en 1579, avec son frère, de l'enlèvement de la seconde femme d'Arnaud de Turenne qui avait épousé en première noce leur soeur. Ils avaient peur pour les intérêts de leur nièce. L'honneur de la dame n'eut pas à en souffrir. Ils furent poursuivis et durent payer une somme de 9000 fr. à titre de dommages et intérêts. Assez querelleur, il tua en duel François Lizet de Méallet, mais un acte de réconciliation put être signé avant qu'il ne meurre. Guy de Montclar obtint des lettres de grâce. Il participa, sur ordre du roi Henri IV, au siège de la Fère, pour donner bataille aux espagnols. Il fut cité comme l'un des meilleurs guerriers de la Haute-Auvergne. Mais s'il nous intéresse, c'est qu'il avait épousé, le 8 octobre 1586, Renée de Chalus, fille de Jean de Calus, seigneur de Cordès et d'Orcival. C'est à l'occasion de ce mariage que furent tissées les tapisseries d'Aubusson présentes actuellement dans le château de la Trémolière.

Jean-Dominique de Montclar, au dix-septième degré de la généalogie, est un personnage important du XVIII ème siècle de l'histoire du château. Par contrat, Marie-Françoise de Montclar, sa parente, lui fit donation en 1756 de toutes les terres et beaux domaines de la famille. Déjà seigneur de Fournols et de la Trémolière, Il devint l'unique représentant de la famille en Haute-Auvergne. Les terres et autres beaux domaines de Montbrun, Longevergne, Montclar et Anglars lui revinrent. A la révolution, Jean-Dominique, ancien capitaine de cavalerie au régiment de Noailles, habitait le château de la Trémolière. Lors de la "grande peur" il se trouvaite au château et, tout à coup, on a crié de toute part que des armées de brigands arrivaient, qu'ils avaient saccagé Mauriac, brûlé Salers et qu'ils ravageaient tout sur leur passage. On a sonné le tocsin. Le baron de Montclar en mourut de frayeur. Décédé à l'âge de 64 ans il fut inhumé le 5 août 1789.

Son fils, Jean-Baptiste-Claire, admis aux pages du roi en 1772, servit dans la maison du roi. A la révolution, il quitta la France et fit la campagne des princes en 1792. Il rentra bientôt dans ses foyers mais fut arrété plusieurs fois. Pour le libérer et le sauver de la guillotine, sa mère et sa soeur durent verser des sommes considérables. Châteaux et domaines furent vendus.